Partenaire

Le modèle relationnel proposé par le Centre d’innovation du partenariat avec les patients et le public est celui du partenariat de soin avec le patient initié à la faculté de médecine de l’Université de Montréal (Karazivan et al, 2015) (1).

L’équipe du CI3P propose de développer l ’approche « PARTENARIAT PATIENT » ou l’Art du Soin en Partenariat avec le Patient

POUR QUI  ?

  1. Il y a en France environ 20 millions d’individus présentant au moins une maladie chronique et 11 millions de proches aidants (2, 3).

2. Tout patient peut devenir « patient partenaire » dans chaque relation de soin s’il le désire et s’il est accompagné dans ses soins par un professionnel de santé partenaire (tout membre de l’équipe médico-sociale) formé à l’art du soin en partenariat avec le patient, dans un système de santé partenaire.

SUR QUELLE BASE DE LEGITIMITE ?

  1. Emmanuelle Jouet et Luigi Flora ont publié une revue sur la part de savoir des malades dans le système de santé (2010) (4) et sa note de synthèse sur la construction et la reconnaissance des savoirs expérientiels des patients (5)

2. Angela Coulter (2011) (6) , une chercheuse anglaise a identifié qu’une personne vivant avec une maladie chronique (diabétique par exemple) était accompagné dans ses soins en moyenne 5 à 10h par an par des professionnels de santé et produisait lui et ses proches jusqu’à 6 250 heures de soin pour lui-même (soit plus de 98% du temps) (7).

COMMENT ÊTRE PATIENT PARTENAIRE DANS SES PROPRES SOINS?

  1. Le patient est un membre à part entière de l’équipe de soin
  2. Il y a reconnaissance mutuelle dans la relation de soin de la complémentarité des savoirs (Expertise de la maladie pour le professionnel de santé, expertise de la vie avec la maladie pour le patient)
  3. Il y a co-construction dans les soins et dans la vie avec la maladie et/ou dans la vie en santé lorsque il y a partenariat de toutes part de la relation de soin.

COMMENT PARTICIPER AU DEVELOPPEMENT DE CETTE CULTURE DU SOIN?

1.Le patient peut devenir en outre partenaire du système de santé en s’impliquant dans la formation des professionnels

2. en s’impliquant dans la recherche

3. en s’impliquant dans les milieux de soins

4. en s’impliquant dans la gouvernance

selon un mode de recrutement stabilisé, réalisé à partir d’un référentiel de compétences des patients partenaire (Flora, 2012 (8), 2015 (9)) et expérimenté depuis 10 ans aujourd’hui à travers le Modèle de Montréal ayant conduit à faire participer plusieurs centaines de patients partenaires dans les processus de co- construction du système de santé et sur lequel nous nous appuyons.

C’est ainsi qu’est greffée la définition du patient partenaire présentée ci-dessous dans l’esprit critique Niçois

Le patient partenaire est un individu (indivisible (10)) progressivement habilitée, au cours de son cheminement clinique, enrichi d’épisodes autodidactes (Jouet, Flora, Las Vergnas, 2010) à faire des choix de santé libres et éclairés.

Ses savoirs expérientiels (Jouet et al, 2010) sont reconnus et ses compétences de soins développées (Flora, 2012, 2015; DCPP, 2015 (11)) par les intervenants de l’équipe clinique.  

Respecté dans tous les aspects de son humanité,  il est membre à part entière de cette équipe pour les soins et services qui lui sont offerts.

Tout en reconnaissant l’expertise du médecin et des membres de l’équipe, il oriente leurs préoccupations autour de son projet de vie et prend part ainsi aux décisions qui le concernent (UdeM, 2016 (12)).

Deux conditions sont donc nécessaires à la réalité de cette relation de soin en partenariat avec le patient. D’une part que le patient, s’il le souhaite soit un partenaire. D’autre part qu’il rencontre un professionnel de santé disposé à ce même partenariat.

En effet, pour créer un partenariat il est nécessaire d’être au mois deux avec ses dispositions. C’est pour cela que le Centre d’innovation du partenariat avec les patients et le public propose de mobiliser des patients partenaires pour former et accompagner les différents acteurs dans le soin vers cette approche (Flora, Benattar, Darmon, 2020 (13); Darmon 2020 (14) et vers la culture d’équipes de recherche interdisciplinaire en partenariat avec les patients (Faure et al, 2020) (15).

Notes et références

(1) Karazivan P., Dumez V., Flora L., Pomey M.-P., Del Grande C., Guadiri S., Fernandez N., Jouet E., Las Vergnas O., Lebel P. (2015), « The Patient as Partner in Care : Conceptual Grounds for a Necessary Transition », Academic Medicine, April 2015 – Volume 90 – N° 4 – pp.437–441.

(2) Grimaldi A., Caillé Y., Pierru F., Tabuteau D. (2017). Les maladies chroniques : Vers la 3ème médecine. Paris : Odile Jacob.

(3) Dans l’approche patients partenaires dont l’expertise réside dans les savoirs expérientiels et savoirs d’usages, les proches sont inclus dans le terme patient partenaire

(4) Jouet E., Flora L. (coord.) (2009-2010), Usagers-Experts : la part du savoir des malades dans le système de santé, N°58/59, Pratiques de formation : AnalysesUniversité Paris 8.

(5) Jouet E., Flora L., Las Vergnas 0. (2010). « Construction et Reconnaissance des savoirs expérientiels des patients ». Note de synthèse du N°, Pratique de formation : Analyses, N°58/59, Saint Denis, Université Paris 8, pp. 13-94, p. 67.

(6) Coulter A. (2011). (2011). Engaging patient healthcare. University of Oxford, UK, Open University Press.

(7) Boivin A., Flora L., Dumez V., L’Espérance A., Berkesse A., Gauvin F.-P. (2017).« Transformer la santé en partenariat avec les patients et le public : historique, approche et impacts du “modèle de Montréal”. In « La participation des patients » « vol. 2017, Collection « Ethique biomédicale et normes juridiques », Paris : Editions Dalloz, pp. 11-24, p.12.

(8) Flora L. (2012).  Le patient formateur : élaboration théorique et pratique d’un nouveau métier de la santé. Thèse de doctorat de sciences sociales, spécialité « Sciences de l’éducation », Université Vincennes Saint Denis – Paris 8, campus Condorcet.

(9) Flora L. (2015), Un référentiel de compétences de patient : pourquoi faire ? Du savoir expérientiel des malades à un référentiel de compétences intégré : l’exemple du modèle de Montréal, Presses Académiques Francophones, Sarrebruck, Allemagne.

(10) L’étymologie du terme individu est indivisible, qui en peut être divisé.

(11) DCPP (2015). Référentiel de compétences des patients, Direction collaboration et partenariat patient, Faculté de médecine, Université de Montréal.

(12) Lebel P., Dumez V. Vanier M._C. (dir.), Berkesse A., Boivin A., Bonin L., Bouffard M., Bouthillier M.-E., Brault I., Briand C., Cioccio F., Cousineau J. Deschênes B., Ducharme F. Dumez V., Essiembre H., Fernandez N., Flora L., Gosselin L., Néron A., Karazivan P., Lebel P., Lemieux V. Pelletier J.-F., Pomey M.-P., Vanier M.-C. Voirol C. (2016). Terminologie de la Pratique collaborative et du Partenariat patient en santé et services sociaux., DCPP, CIO, Université de Montréal.

(13) Flora L., Darmon D., Benattar J.-M. (2020). « Le Centre d’Innovation du partenariat avec les patients et le public : un moteur du développement de la culture du partenariat de soin avec le patient, avec les patients et le public en Europe ». La revue sur le partenariat de soin avec le patient : Analyses, N°1, pp. 138-163.

(14) Darmon D. (2021).  » L’exercice médical à travers les mutations de la société à l’émergence du partenariat de soin avec le patient « . Le partenariat de soin avec le patient : analyses, N°2 : Université Côte d’azur, pp. 119-130.

(15) Faure S., Halloy A., Karcher B., Flora L., Colazzo G., Barbaroux A., Balez E., Bonardi C. « Polyphonies sur les enjeux du partenariat patient au temps du COVID-19, Revue de Neuropsychologie, Neurosciences Cognitives et Cliniques, V. 12, N° 2, Avril-mai-juin 2020, pp. 232-237.

Le CI3P et sa génèse

Le Centre d’Innovation du Partenariat avec les Patients et le Public (CI3P) créé au cours du second semestre 2019 a pour objectif premier de permettre au sein du système de santé l’exercice pluri-professionnel et à la démocratie sanitaire en partenariat avec les patients, proches et citoyens. 

Le partenariat de soin avec le patient, une approche développée initialement à la Faculté de médecine de l’université de Montréal par le bureau Facultaire de l’expertise patient partenaire (BFEPP) de 2010 à 2013 puis depuis par la Direction Collaboration et Partenariat Patient (DCPP), avec qui le CI3P collabore, a été adapté tout en en conservant l’esprit par le CI3P. Ce centre d’innovation a pour mission le développement du partenariat avec les patients dans l’enseignement en médecine et en sciences de la santé, dans les milieux de soins et la recherche. Université côte d’azur a d’ailleurs intégré depuis que le CI3P développe ces activités dans le cadre des missions telles que précisées une politique de recherche intégrant pleinement cette approche

Historique

Depuis 2015 en France, la Maison de la Médecine et de la Culture (MMC), un collectif de citoyens, réunis par et autour de son fondateur le docteur Jean-Michel Benattar, médecin de ville, permet de réunir localement des citoyens, qu’ils soient patients, proches, étudiants en sciences de la santé, professionnels de santé en exercice, et/ou universitaires.   

C’est de cette première forme d’organisation qu’a été conceptualisée, puis initiée en depuis janvier 2018 une « UniverCité  du Soin ». Elle est composée d’une université populaire autour des questions de santé organisée par la MMC, l’organisation de séminaires internationaux et inter universitaires avec l’Université de Lisbonne en 2018 et 2019, le département d’éthique de la faculté de médecine de Descartes, Université de Paris en 2019 avec l’Université Côte d’Azur) de la Médecine Narrative adaptée à la philosophie de l’Art du Soin, c’est-à-dire ouverte à tous les citoyens, en formation initiale (ouvert aux étudiants en médecine) et continue à travers le Diplôme Universitaire (DU) Art du Soin en partenariat avec le patient primé en 2018 par le prix PEPS de l’innovation pédagogique dans la catégorie formation tout au long de la vie.

2019 a vu s’enrichir cette UniverCité du Soin, à travers le partenariat entre les citoyens par le biais de la MMC et la faculté de médecin, du Centre d’Innovation du Partenariat avec les Patients de le Public (CI3P), qui, outre la co-conception et mise en œuvre des premiers cours mobilisant des patients formateurs au sein du cursus initial d’enseignement des études de médecine a coordonné et organisé en octobre 2019 le 1er colloque international sur le partenariat de soin avec le patient en France à la faculté de médecine et au CHU de l’Université Côte d’Azur, permettant ainsi un premier état de l’Art non exhaustif des pratiques en France et de la nature des partenariats développés.

Organigramme

Pour accomplir ses missions, le CI3P s’est doté les deux premières années d’une codirection médecin-patient, d’un médecin coordinateur organisationnel, d’un comité de Pilotage (COPIL) composé d’enseignants-chercheurs de différentes disciplines, de patients et citoyens membres de la Maison de la Médecine et de la Culture (MMC) et s’est organisé dans le cas du lancement d’une chaire de recherche d’un comité scientifique qui serait constitué de médecins, de patients et proches, comme de chercheurs de sciences humaines et sociales avec les organisations  partenaires que sont le DERMG, la MMC et le LAPCOS .

La place du partenariat de soin avec le patient dans la politique de recherche d’Université Côte d’Azur

L’Université Côte d’azur s’est organisé un ecosystème de santé avec le partenariat patient, un modèle de développement dans lequel le partenariat patient a maintenant sa place

Qui parle de nous ?

La Maison de la Médecine et de la Culture

https://partenariat.sciencesconf.org/

https://luigiflora.wordpress.com

La Strada et Nice matin, journaux locaux Niçois, en versions disponibles en ville en version imprimée et en ligne sur internet au delà

Le généraliste, revue spécialisée à destination des médecins généralistes

Hospitalia
Hayek J. (2023). À Nice, le CI3P entend faire reconnaitre les savoirs expérientiels des patients, Hospitalia, N° 62, septembre, pp.36-38

Méthodologie

Le CI3P organise son action de manière systémique et transversale en mobilisant des patients partenaires en formation médicale et interprofessionnelle, en éducation populaire, dans la recherche,  et bientôt dans les milieux de soins.

Afin de mobiliser les patients, et certains proches, le plus souvent en tandems de partenariat, le CI3P organise des entretiens en tandem médecin-patient en se référant au référentiel de compétences patient développé successivement dans le cadre d’une thèse (Flora, 2012) , puis intégré dans la démarche du partenariat patient développé au Canada par la Direction Collaboration et Partenariat Patient (DCPP, 2015; Flora, 2015).

Une sélection par la capacité à mobiliser les savoirs expérientiels (Jouet et al, 2010) à travers des compétences qui a une dimension éthique ( Primum non nocere; d’abord ne pas nuire), celle de ne pas mettre le patient partenaire en situation d’échec, mais de lui permettre de vivre une expérience positive susceptible de lui donner une autre perspective de la vie avec par ce qu’il apporte à autrui, à l’intérêt général.

Selon l’analyse de l’entretien, les patients peuvent être invités à une mobilisation à travers une coconstruction avec le tandem de partenariat opérationnel (médecin-patient) du CI3P, à travers une mise en œuvre pédagogique, clinique, ou encore d’éducation citoyenne en santé ou de mise en œuvre d’une phase de recherche au cours de laquelle nous pouvons vérifier ce qui a été pressenti ou identifié lors de l’entretien. Sinon, les patients ou proches seront  accompagnés avant de pouvoir agir concrètement. Dans cette seconde situation, il leur est proposé d’étudier au sein du DU Art du Soin en partenariat avec le patient et/ou de participer à nos rencontres citoyennes au cours desquels nous allons observer à travers les interventions la montée en compétences.

Une formation à l’Art du Soin en partenariat proposé dans les DUs qui a reçu un prix de l’innovation pédagogique de formation tout au long de la vie en 2018 par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche. Une formation qui a également une version en ligne, à distance, depuis l’exercice universitaire 2021-2022 en conséquence des apprentissages acquis au cours de la pandémie de la Covid-19 et des demandes d’étudiants ayant initiés des association nationales ou d’autres types de réseaux.

L’ensemble des patients reçus en entretiens (comme les professionnels de santé) devenus patients partenaires des actions du CI3P ou non sont invités à participer, à leur rythme, et, selon leurs temporalités, aux différentes actions proposées en éducation populaire sur la santé par la Maison de la Médecine et de la Culture (MMC).

Références bibliographiques

Flora L. (2012), Le patient formateur : élaboration théorique et pratique d’un nouveau métier de la santé, Thèse de doctorat en sciences sociales, spécialité sciences de l’éducation, Université Vincennes – Saint Denis Paris 8, Campus Condorcet.

Flora L. (2015), Un référentiel de compétences de patient : pour quoi faire ? Du savoir expérientiel des malades à un référentiel de compétences intégré : l’exemple du modèle de Montréal, Presses Académiques Francophones, Sarrebruck, Allemagne.

DCPP, 2015, Référentiel de compétences des patients, Direction collaboration et partenariat patient, Faculté de médecine, Université de Montréal.

Jouet E., Flora L, Las Vergnas 0. (2010). « Construction et Reconnaissance des savoirs expérientiels ». Note de synthèse du N°, Pratique de formation : Analyses, N°58/59, Saint Denis, Université Paris 8, pp. 13-94. (Accessible sur HAL, Archives ouvertes)